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NOTES 343

Madame Duclaux suppose bienveillamment que l'admirable Cimetière d'Eylaii, écrit par Victor Hugo à soixante-treize anis, est plus ou moins su par cœur par tous les écoliers français. Lui enlèverons-nous une illusion si honorable pour l'Université de France ? La seule oeuvre qui ait atteint ce genre de popularité est les Pauvres Gens, « pièce à dire » d'où est sortie une redou- table postérité de Coppées et de Manuels. Les œuvres de Hugo sont assez mal classées dans le sentiment public. Tout le monde connaît le médiocre Ruy Blas, mais il ne m'arrive jamais, je dis jamais, de trouver quelqu'un qui ait lu le chef-d'œuvre du théâtre romantique que sont les Deux Trouvailles de Galliis et qui sache seulement dans quel ouvrage on. les rencontre.

Madame Duclaux, qui a assisté aux funérailles de Victor Hugo, fait de la cérémonie un joli tableau et y voit avec raison l'apothéose exacte que le poète eût rêvée, ordonnée par le génie même de la pompe, de la popularité et de l'antithèse. Depuis, les opinions françaises ont été très mêlées, les éreintements ont succédé à l'apothéose. Un livre comme celui-ci fait une élégante et raisonnable mise au point.

ALBERT THIBAUDET

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��ECRIVAINS FRANÇAIS EN HOLLANDE, par Gus- tave Cohen (Champion).

Le livre de M. Cohen n'est sans doute que la première partie d'un travail sur le rôle de la Hollande dans la littérature fran- çaise du xviie siècle. Si la France et la culture française sont des moyens termes entre le Nord et le Midi, il est curieu;x de voir qu'à l'époque où, par l'Espagne et l'Italie, les influences méridionales pénètrent si largement chez nous, la petite Hol- lande les équilibre, dans le Nord, à peu près seule, tient pen- dant une cinquantaine d'années la place d'une Allemagne et d'une Angleterre. Quand arrive la vague d'influence anglaise, le rôle de la Hollande est à peu près fini pour nous, et l'histoire littéraire s'encadre à peu près dans les mêmes dates que l'his- toire politique. Mais ce rôle reste chez nous en grande partie à étudier. Le volume de M. Cohen traite de la première partie du xvii^ siècle, où le courant franco-hollandais est presque aussi pittoresque, sinon aussi dense que le courant franco-espagnol

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