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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

��LE VOYAGE INTERIEUR

Je crois bien que le genre du voyage intérieur ou, si l'on veut, de la psychologie décorative, fut une des inventions du symbo- lisme. Invention relative, puisque la carte du Tendre peut ren- trer sous cette rubrique, et, surtout, que le Roman de la Rose s'y relie formellement. Le symbolisme se étrouvait là dans son domaine : visions et voyages terrestres symbolisaient visions et voyages de l'âme ; le passage à travers la nature était un passage à travers la « forêt de symboles », et les regards que nous fixions sur elle étaient au moins aussi familiers que ceux dont elle nous observait.

Le Voyage d'Urien d'André Gide, suivi, à quelques mois de distance, de Couronne de Clarté de Camille Mauclair, furent, en prose, deux œuvres typiques, deux illustrations précises de ce symbolisme. Mais la poésie surtout vécut en partie sur lui. Les premiers poèmes de M. de Régnier, la Chevauchée d'Yeldis de Vielé-Griffin, la plupart des écrits des poètes mineurs semblent hantés par ce thème. On y rattacherait d'ailleurs, avec des réserves, telles œuvres des pères de l'école comme les lUumi- natious de Rimbaud, la Prose pour des Esseintes et le Nénuphar Blanc de Mallarmé.

Des réserves dont il n'est pas difficile de voir le sens. Toute cette production se distribuera entre deux limites, dont l'une sera l'allégorie pure et l'autre ce que j'appellerai, faute d'un meilleur terme, le symbole pur. Le Roman de la Rose et surtout la carte du Tendre sont des allégories pures, puisque les pays et les personnages y portent les noms mêmes des sen-

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