308 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
Le tourment du regret, le tounnent du plaisir Chei l'homme et che^ les bétes.
La réponse des voyageurs dans Le Voyage surgit aussitôt dans la mémoire :
Nous avons vu des idoles à trompe...
C'est encore dans ce même Dialogue marin que se trouvent ces deux vers où la mer est invoquée en termes inoubliables :
Visage étincelant du monde, battement Du temps et de la vie. . .
Pour des trouvailles de cette qualité, qui n'excuserait un peu de remplissage ? Ailleurs, dans une pièce aux Prêtresses des Panathénées \ le poète compare successivement les robes des servantes de Pallas aux rayons, aux fleuves ; leurs mem- bres effilés, leur « frêle épaisseur » à la surface des sources ; leur marche à la course du soleil... et rien de tout cela n'est très juste ou très frappant ; mais tout d'un coup, une admirable rencontre :
O roseaux enflammes, ô flûte du dieu Pan...
Et vingt lignes plus loin une strophe exquise et que ter- mine, ou pour mieux dire que prolonge à l'infini une image vraiment digne du « chantant Homère » :
Sojige:(-vous aux bergers assis au bord de l'eau
Au potier près d'un toit qui fume, A la brebis laineuse allaitant un agneau
A la mer, flleuse d'écume.
Et la même plume qui a tracé ces vers lumineux comm,e en se jouant, voyez-la, quand l'invention verbale et l'imagi- nation visuelle faiblissent, suppléer péniblement à cette défaillance :
I. Les Eblouissements,Y>. 143.
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