^0:6 LA NOUVELLE REVUE .FRANÇAISE
A la récita.tion >on -est emporté dans Je flat bondissant
'-des métaphores; mais la lectuïe des j'eux laisse paraître la
pauvreté de la trame, .l'absente de construction. Ce sont
des poèmes invertébrés dont les strophes se succèdent,
mais ne s'ordonnerit 'pas. -La description, l'énumération sont
des procédés dont le poète use le plus volontiers lorsque
•son génie, comme celui de M"^ de Noailles, .engendre plus
ul'images que d'idées ; car les images naissent les unes .des
«autres par le seul effet de la rime qui (force à concevoir des
'rapports éloignés.
Les Eblouissements, tel est le ititre d'un des recueils de ,Mme (Je Noailles, qui conviendrait à merveille à l'ensemble de ^on>œuvre. -Elle prodigue les lumières, -les .couleurs, les par- fums, les fleurs rares, les villes d'art célèbres, les pays déco - datifs, les -nuits iper-sanes, les matins de :Sicile, les soirs -à Stamboul. Et toutcela,qui parut neuf, est déjà caduc.
Dans le Voyage, Baudelaire. avait -.donné -l'exemple et la •formule >de. cet exotisme sensuel, olfactif, et non plastique à la manière parnassienne. .M""* de Noailles abuse d'effets comme celui-ci :
Car je possède in moi tous les 'pays de prix
Etlésapirsdelujeufte Qife El le cœur délicat., ne.ig£i»x, rose et fleuri Des adolescentes chinoises.
■Ou encore :
Le sublime univers est un rocher d'argent Contre qui 'mon îdésir iondit, sanglote et s'use. . . O nuit de Bénarès, ô matin de Raguse.
Bénarès et Raguse n'ajoutent .rien à la belle image .conte- nue dans les deux premiers vers, heureuse réplique de l'adorable distique des Bijoux :
Et mon amour prùfoiid et doux comme la mer Qui vers elle montaitycomme vers sa falaise.. .
Voulant l'image .toujours plus rare, -toujours plus surpre-
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