MADAME DE NOAILLES
L’Académie française vient de décerner à Mme de Noailles la plus haute récompense dont elle dispose, et dont elle dispose souvent avec moins de discernement ou de bonheur. Le poète de l’Ombre des Jours plaçait son recueil de début sous la protection des paysages de l’Ile-de-France ; dès le premier poème Montaigne vient rimer à châtaignes, Ronsard à lézards, le rêve dudit à fèves et Jean Racine à résines ; et dès la première strophe on ne rencontre pas moins de trois espèces de végétaux, avec le cœur latin et le lait de la Gaule. Sept strophes commencent par le même mot Quand et sont coupées sur le même patron. Ce schème : « Quand les choses sont ainsi et ainsi, je suis moi-même ainsi... » est constant chez Mme de Noailles. Mais voici la conclusion du poème :
Alors on a conclu avec votre beauté
Un si fort mariage
Qu’on ne sait plus bien, quand l’azur de votre œil
Sur le monde flamboie,
Si c’est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil
Qu’on a le plus de joie...
Ce qui ne signifie rien, ou bien peu. A proportion que l’auteur y veut enfermer une idée, le nombre des vers s’affaiblit, le rythme déraille, les consonnes se bousculent et la phrase essoufflée dégrafe son corset. « Un si fort mariage » est une expression baroque et le distique :
Que l’on ne sait plus bien, quand l’azur de votre œil
Sur le monde flamboie