Page:NRF 17.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

2^0 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

La partie autobiographique du petit livre posthume, présenté avec tact par des mains pieuses, est divisée en trois périodes : la première va de l'enfance à la 1 4^ année, — la seconde comprend la prime adolescence, la troisième les 3 années de campagne au cours desquelles une balle de shrapnel vint, à Marcelcave, dans la Somme, mettre fin à la carrière de ce jeune ennemi, qui était peut-être destiné à sauver son pays de cet effroyable chaos où il semble vouloir entraîner ses vainqueurs avec lui.

Bien entendu, ce n'est pas la prodigieuse faculté d'assimilation de l'enfant et de l'adolescent qui peut donner lieu toute seule à tant d'expressions admiratives, encore qu'elle ait de quoi étonner, et qu'elle ait fait l'émerv'eillement et la stupéfaction de ses maîtres. Citons-en pourtant quelques traits : à douze ans, Otto Braun connaît à fond la littérature allemande , y compris celle du Moyen Age. Pour déchiffrer les grands poèmes épiques du xiiP et du xive siècle, il a voulu savoir le moyen haut allemand, plus différent de l'allemand moderne que la langue d'oc peut l'être du français, tout comme il apprend le grec afin de lire les présocratiques dans le texte original. A dix ans déjà, il annonçait à sa mère, que, sur le point de terminer l'étude de la philoso- phie grecque, de ses petites ressources personnelles il va s'acheter celle de la patristique et de l'âge intermédiaire. Il se pas- sionne pour Suger et Suso ' et va rechercher dans la bibliothè- que publique les controverses à propos des mystérieux Impos- silia du grand docteur. Homère, Gœthe et Shakespeare lui sont familiers, il vit dans l'intimité des lyriques allemands modernes. Tout ce qu'il absorbe, il l'assimile de la façon la plus vivante, et l'on est étonné, dès. les premières lettres, de la fermeté et de la virilité de son style. Il écrit d'une façon nette, précise, avec une

Kretschmann, lequel fut une des premières victimes de la vanité de Guillaume IL Elle est l'auteur d'une série de mémoires, dont une partie est consacrée à l'histoire de sa grand'mère, la Baronne de Gustedt, fille de Jérôme Napoléon et d'une dame d'honneur de sa cour, la Comtesse Pappenheim. La Baronne de Gustedt passa une partie de sa jeunesse à la Cour de Weimar, à l'ombre de Goethe et semble avoir été une femme hors ligne en même temps qu'une figure des plus attachantes.

I . « Ce sont là, dit-il à propos de Suger et des avéroïstes, « les esprits à deux vérités, ce que pourtant je tiens pour une échappatoire, puis- qu'aussi il leur était impossible d'avouer qu'ils niaient la bible. »

�� �