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232 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE Miamado

��La mûsica callada La soledad sonora

��par ces mots subtils et ingénieux, mais qui peut-être sont infi- dèles à l'intime pensée du poète : « Mon amant est pareil

à une symphonie qui s'achève » — - « il est comme une solitude musicale » ? La traduction la plus littérale était ici la plus sûre. On s'étonne que M. Doyon ait donné le titre de « Cantiques dévotieux » aux poésies qu'il a jointes aux trois grands poèmes. Il n'y a pas de « Cantiques dévotieux » dans l'œuvre de Jean de la Croix, et les « Romances » sont des poésies populaires, mais non des poésies « dévotieuses ». Pourquoi, d'autre part, intro- duire, même à titre de pièce documentaire anonyme, le sonnet « A Cristo Crucificado », — puisqu'il ne s'agit certainement pas ici d'une poésie de Jean de la Croix — et ne pas accueillir les poèmes métaphysiques, qui prolongent directement une expé- rience ? Les vers qu'allègue M. Doyon et qui lui paraissent sans doute devoir justifier partiellement cette omission : « Je suis entré sans savoir où j'entrais ; je suis resté là sans savoir où j'étais, élevé plus haut que toute science » :

Entréme donde no supe Y quedéme no sabiendo Toda sciencia trascendiendo

sont d'une qualité unique en l'œuvre de Jean de la Croix et font partie d'un poème dont l'authenticité est assurée.

Seule une longue étude, qui serait nécessairement technique, nous permettrait d'aborder le délicat problème des équivalences et nous aiderait à établir la liste des poèmes rigoureusement authentiques. En l'absence de toute édition véritablement cri- tique, la tâche du traducteur et du commentateur n'était pas aisée. M. Doyon a bien résolu les difficultés qu'il s'était propo- sées. Il a traduit Juan de Yepes. Il a voulu restituer l'œuvre d'un homme et rendre à la littérature une pensée que la mol- lesse des traductions nous dérobait. C'était chose faite en Angleterre — et de la plus stricte manière — grâce à Arthur Symons et aux beaux Poenis qui adhèrent si intimement au texte de la Noche oscura et de la Llama. En France, nous

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