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NOTES 215

qu'une chose à peine croyable : « Il parait qu'il y a dans le Nord des gens... des gens de notre âge... qui ne font jamais l'amour... »

Il serait dommage qu'il arrivât malheur à ce joli et innocent petit animal. Aucun lecteur ne le souhaite ; et je suis sûr que plus d'un (surtout s'il est né dans la même région que Bécot) a dû s'écrier, au cours des mésaventures qui mettent le jeune homme aux prises avec sa mère, la dramatique Madame Tixador et avec M. Farines, son cuistre de beau-frère : « Hardi ! Bécot. »

Et pour notre plus grand plaisir, Bécot réussit. Il hérite d'une fortune inattendue, celle d'un gentilhomme gascon, vieux galant retraité, auquel il a fait une fois des confidences et que sa nature ardente et droite a ému. Bien mieux : Geor- gette, la séduisante Parisienne qui l'a tant fait souffrir, finit par succomber. Cette dernière scène est d'une légèreté et d'un piquant irrésistibles. Georgette prépare sa chute avec tant de coquetterie et tant de préciosité que Bécot, habitué à des façons plus simples, ne se sent pas très à l'aise. 11 nous fait part de ses états d'âme et nous révèle, à la fin : « Si vous pensez que c'est drôle, de prendre une feinme qu'on aime. pour la première fois !... Ah ! Non... Dieu ! que c'est en- nuyeux ! »

Mais qu'on n'aille point imaginer d'après ces extraits que ces scènes assez libres soient trop crues. Rien n'est plus éloigné de la grossièreté. Elles sont traitées avec une verve délicate et un souci de plaire qui est l'art même.

Peut-être certains feront-ils un reproche à ce frère méri- dional de Chéri. On trouvera que Bécot avec sa petite mous- tache frisée, sa sensualité très pure, son amour-propre vif est un peu ce province ». Mais, un des channes de cette histoire est précisément la fraîche atmosphère provinciale où elle se passe. A chaque page on est ravi par d'adorables tableaux de la nature pyrénéenne : c'est un pré où vingt petits pom- miers se tiennent fi^èrement debout, sous leur charge de pommes rouges ; c'est un chemin qui monte au flanc de la montagne entre des chênes-verts tordus et noirs qui s'agrif- ferit dans les rochers ; c'est un. torrent où trempent les feuilles des aulnes. Là on sent l'odeur du thym, ailleurs le parfum des

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