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NOTES 205

en gros une vérité de bon sens. On peut également ratiociner sur l'influence du kantisme, dénoncée par Barrés, dans notre enseignement et conclure avec Thibaudet que c'est un « kan- tisme j) faussé : Emmanuel Kant ne se place pas moins à l'ori- gine d'un courant abstrait de pensées qui a baigné et imprégné plusieurs générations de Français. — Je n'aborderai pas ici la question proprement politique. J'ai des r?.isons à moi d'aimer et d'approuver Barrés ; j'en ai d'aller plus loin que lui dans le sens d'une conclusion positive que lui-même s'est toujours refusé à formuler. Mais je puis constater du moins que ce qui fut sa force hier peut faire aujourd'hui sa faiblesse et je n'hési- terai pas à lui retourner le reproche qu'il adressait au « boulan- gisme » après l'échec : il n'a pas toujours su « sortir de l'ordre sentimental ». Reproche provisoire ; car si le temps du senti- ment semble passé, il a d'autant plus de chances de revenir, que le sentiment en question est de sa nature éternel et n'a jamais fini de rendre aux hommes ses services. — Au moment de me demander ce que les générations futures admireront le plus en Maurice Barrés, loin de trancher au nom de la gra- tuité de l'art, je songe aux préférences avouées par notre critique et que je ne suis pas loin de partager. Elles ne sont pas aux essais captieux, aux morceaux chatoyants, aux volup- tueux récits de voyage, mais à ce que conçut Barrés déplus sévère, de moins strictement littéraire, de plus partial, le roman des Déracinés. Voilà donc au moins un critique qui a gardé le sens de la hiérarchie des genres et qui croit que le signe du vrai talent, le gage certain de la durée, avant même la perfec- tion, c'est la grandeur. henri ghéon

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��DE PARIS A CYTHÈRE par Gérard de Nerval. (Les Chefs-d'œuvre méconnus. Editions Bossard).

Les Editions Bossard rendent à la lumière, en des éditions de demi-luxe dont il serait à souhaiter que le type se répandit, des œuvres peu connues de la littérature française. Cet extrait des récits de voyage de Gérard de Nerval, s'il a le seul défaut d'être trop court, aura au moins le m^érite de donner à de nombreux lecteurs l'idée de lire les autres voyages de Gérard, supérieurs à ceux de Gautier et qui sont peut-être dans notre littérature le

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