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Qui te raille d’être si dure,
O perfide et grosse de maux,
N’est qu’une voix dans la verdure !
— Mais sérieuse l’Eve était
Qui sous la branche l’écoutait !

Ame, disais-je, doux séjour
De toute extase prohibée.
Sens-tu la sinueuse amour
Que j’ai du Père dérobée ?
Je l’ai, cette essence du Ciel,
A des fins plus douces que miel
Délicatement ordonnée...
Prends de ce fruit... Dresse ton bras !
Pour cueillir ce que tu voudras
Ta belle main te fut donnée !

Quel silence battu d’un cil !
Mais quel souffle sous le sein sombre
Que mordait l’Arbre de son ombre !
L’autre brillait comme un pistil !
— Siffle, siffle ! me chantait-il !
Et je sentais frémir le nombre.
Tout le long de mon fouet subtil,
De ces replis dont je m’encombre :
Ils roulaient depuis le béryl
De ma crête, jusqu’au péril !