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PRÉFACE A « ARMANCE » I4I

laisse entrevoir, par delà le mariage, deux solutions. — A supposer qu'Octave ne se tue point, ce qui tout de même est l'échappatoire la plus simple, et celle que Stendhal met en avant d'abord ; car, dit-il « le vrai Babylan doit se tuer pour ne pas avoir l'embarras de faire un aveu ».

La première solution, celle du substitut, du « beau paysan» qui, le moment venu, « moyennant un sequin », prendrait la place du mari, semble trouver quelque appui dans une singulière phrase de Fielding : « Ce degré raffiné de l'amour platonique, de la passion complètement dépouillée de tout caractère charnel, devenue purement et entièrement spi- rituelle, est le privilège des femmes. Combien d'entre elles n'ai-je pas entendu déclarer (et certainement avec la plus grande sincérité) qu'elles seraient toutes prêtes à concéder à un rival la place de l'amant, s\ l'intérêt de celui-ci exigeait un tel sacrifice. D'où je dois conclure que cette forme de l'amour est dans la Nature — encore, ajoute Fielding, que je ne puisse affirmer d'en avoir jamais rencontré d'exemple » {Tom Jones, livre XVI, chap. 5). Au reste je me persuade mal qu'Armance, telle que nous l'a peinte Stendhal, se fût accommodée de cette substitution ; non plus que de la seconde solution qu'il propose : celle des tricheries, des pis- aller. Ajouterai-je que je me méfie beaucoup de cette lettre à Mérimée : il me paraît, et je m'entends avec plus d'un Stendhalien sur ce point, que Stendhal y affecte un cynisme excessif, qu'il estime de nature à plaire à son correspondant, et à remporter cette sorte de considération que ses écrits, jusqu'alors, ne semblaient point suffire à lui valoir.

Reste la solution de saint Alexis : la fuite. Que l'on m'entende : je ne prétends nullement assimiler au cas d'Octave celui d'Alexis ; je dis simplement qu'un babylan mystique n'eût pas agi différemment.

Mais pourquoi chercher une solution : la vie nous pro- pose quantité de situations qui proprement sont insolu- bles et que seule la mort peut dénouer, après un long temps d'inquiétude et de tourment. J'imagine Octave épou-

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