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NOTES 105

son ami Flotte pour vitupérer les actions du siècle un poème en quarante-trois strophes d'une inspiration curieuse, d'un modernisme de qualité et qui n'emprunte à nos deux noms précités que la belle facture des vers, selon les traditions d'une époque où l'on considérait la poésie à la fois comme l'expres- sion de la suprême éloquence et de la plus grande perfection du style.

Jean Pellerin, poète mobilisé, promène sa mélancolie sur un Paris dont les spectacles attristants se parent de la puissante personnalité d'un soldat distingué :

Oui, c'est pour ces larves sans charvies Que Pellerin porta les armes Et dormît au cantonnement.

Ce qu'il faut louer dans ces quelques pages qui, à mon avis, contiennent un des plus beaux poèmes de notre temps, c'est l'humeur du poète et sa façon d'exprimer des sentiments publics à la manière d'un homme très cultivé de 1921. Le pittoresque et la fantaisie peuvent rajeunir éternellement le domaine des idées où toutes les places sont prises. Pellerin est un de nos poètes fantaisistes les plus remarquables, comme P.-J. Toulet, comme Salmon, comme Francis Carco, comme Tristan Cerême. Je préfère toutefois Pellerin à Toulet, parce que chez ce dernier le souci de passer pour un excellent grammairien le conduisait à des fantaisies acrobatiques d'ailleurs amusantes. Jean Pellerin, qui possède une noble connaissance de sa langue, utilise cette connaissance avec mesure. Mais j'aime également P.-J. Toulet. Cependant il est bon de remarquer que, de nos jours, un homme possédant sa grammaire peut susciter des admirations qu'en d'autres temps on réservait pour les meilleurs élèves de qua- trième classique. J'aime la Romance du Retour parce que ce poème, en dehors de sa forme parfaite, déroule une frise peuplée de personnages dont la fantaisie n'est pas sans amer- tume. Ces quarante-trois strophes symbolisent une époque que les générations futures pourront revivre admirablement, d'autant plus que les images serties dans ce joli poème ne leur laisseront rien à inventer.

Ah ! Jean Pellerin, votre muse est une fort jolie fille de 1921, Nous savons les noms célèbres de ceux qui l'habillent,

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