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96 LA NOUVELLE REVUE FRANÇALSE

que les ouvrages les meilleurs et les plus importants ne sont reconnus, à leur apparition, que d'une partie si restreinte du public qui lit ?

En ce qui concerne Paludes, on peut répondre : que ce' livre était trop en avance sur le goût moyen de l'époque où il parut ; qu'au point de vue esthétique, il s'écartait trop définiti- vement du Réalisme, dont les formules étaient familières au public, et de l'école du roman psychologique encore en pleine floraison (c'était plutôt aux contes philosophiques du xviii^ siècle qu'il fallait remonter si on voulait absolument trouver à Paludes quelque ancêtre). Mais surtout, ce livre traitait, poétiquement, de certains problèmes qui n'avaient encore commencé à préoc- cuper qu'un petit nombre d'esprits, et seulement parmi les très jeunes gens. Et il donnait une solution à ces problèmes. En effet, « le contrôleur, le contrôlé, celui qui veut lever les contrôles, et celui qui ne sait pas y échapper » sont également ridicules et font les frais de cette jolie comédie. Mais n'est pas ridicule celui qui échappe aux contrôles malgré lui, parce qu'il ne peut pas ne pas y échapper, parce qu'il ne peut pas faire autrement, — celui qui, dès qu'il est libre, sort de Paris parce qu'il est comme aspiré par les gares, entraîné par les grands « rapides », — celui qui échappe aux contrôles parce que c'est sa destinée, et qui, ou bien ne s'aperçoit même pas qu'il y échappe, ou bien regrette d'y échapper et s'en excuse, et pense que « c'est mal ». C'est à ce dernier que va la sympathie d'André Gide, parce qu'il y a dans ce personnage un conflit dramatique qui l'intéresse, et l'intéressera toujours ; et c'est essentiellement ce qu'un jeune critique espagnol, M. Mari- chalar, appelait récemment « le paludisme d'André Gide ». Avec ce personnage-là finit la comédie, et une autre histoire com- mence : celle des Nourritures Terrestres. *

VALERY LARBAUD

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��TANT PIS POUR TOI, p^r Gérard d'HoiwilIe (Fayard).

Le joli conte de Gérard d'Houville est un peu long, et on en laisserait tomber volontiers plusieurs pages. Mais il ajoute un bon livre au rayon de littérature féminine qui met aujourd'hui dans notre littérature le poids d'un rayon de miel. Peut-être

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