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NOTES 8 5

ces lignes que M. Henri Malo a recueillies judicieusement dans sa biographie critique : « On dirait que ces couplets sont des « demi-traductions d'auteurs soit orientaux, soit italiens — sep- « tentrionaux jamais — le tout repensé et senti à nouveau par « une âme ardente qui a jeté sa flamme à travers tout cela. »

Ce que Faguct appelle une âme ardente est plutôt l'ardeur d'un tempérament voluptueux.

« Pour la première fois peut-être », écrit M. Henri Malo lui- même, « une femme s'arrêtait à admirer la beauté plastique de l'homme ». Avant l'auteur des Cantiques d'été, M™« Colette avait exprimé ce goût féminin pour la beauté physique masculine inséparable du mépris de sa personne morale.

Ce qui est propre à M^^^ Burnat-Provins, c'est un certain mys- ticisme de la sensualité qui ne vise à rien moins qu'à faire de la vie une transe erotique continue. Ce romantisme est essentiel- lement féminin. Sous sa forme idéaliste et sentimentale, il inspira la tendre et larmoyante Marceline.

Les recueils de M™'^ Burnat-Provins ont été très lus durant la guerre. Avec Toi et moi et les quatrains d'Omar Khayam ils alimentèrent la correspondance littéraire des marraines.

Chargée d'images et d'ornements d'un goût un peu conven- tionnel, cette prose poétique vise souvent à l'imitation de M. André Suarès. En voici un exemple :

« Hiver, te voici tout blanc, couché en travers des épaules de « la montagne, sculpté dans le ciel.

« Tes longs cheveux de glace pendent sur les rocs et tes bras « de marbre étouftent la terre où les germes se taisent. »

On dirait une version édulcorée du Bouclier du Zodiaque.

Les Poèmes troubles rappellent directement Renée Vivien, avec une phraséologie plus molle. Si l'on s'avise de mettre à la ligne les vers blancs qui émaillent ces périodes trop uniformément musicales, on découvre sous le voile équivoque et commode du poème en prose le visage de la romance :

P'ene:(, vene:( Chimères

eji immense troupeau, battant le sol et battant l'air, ma place est là sur votre dos.

C'est vous qui sautere:^^

Et d'un élan rapide iii'emporte!-e:(.

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