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6 LE CARNET DES EDITEURS

TROIS MYSTÈRES TIBÉTAINS (de la collection : Les Classiques de l'Orient). Un volume in-8 '.

La civilisation de l'Orient peut bien nous paraître aussi inac- cessible que SCS monts, la littérature qu'elle nous offre n'en a que plus de charme.

Charme tout spécial — unique.

Celui qui se nourrit exclusivement de ces œuvres trépidantes oij les mots qui dansent sur certaines pages ne sont que le tableau fidèle des idées et des images qu'elles évoquent toutes, goûtera un plaisir d'une saveur oubliée en lisant les « Classiques de l'Orient » et tout particulièrement le dernier de la série : « Trois mystères tibétains ».

Tout dans cet ouvrage est si loin de nous, que notre sensibi- lité que rien en lui n'effleure, et notre intelligence que rien ne heurte laissent toute liberté à notre imagination.

C'est un repos délicieux que de lire ces drames gigantesques, atroces par moments, et sanglants.

Ceci n'est point du paradoxe.

Le décor de ces drames c'est la nature elle-même, leur intri- gue n'est pas limitée par l'idée de temps — c'est à peine si celle- ci en limite la représentation — ils jouent avec des idées géné- rales sur le bien et le mal, et quelques-uns de leurs personnages sont les esclaves de la passion religieuse à un point que nous ne saurions même imaginer.

Et justement parce qu'ils sont loin de la réalité, ces drames — que les spectateurs tibétains accueillent avec des pleurs — nous les accueillons comme des contes de fées, des contes de fée merveilleux. Nous ne pouvons résister à la magie de cette poésie tout Imaginative, si lointaine des réalités, mais qui emprunte assez à la nature humaine et à la nature mystérieuse de rindc pourcréerune admirable vision décorative.

Le savant pourra noter ce qui différencie ces trois drames créés à des époques différentes, dont l'intrigue est plus ou moins compliquée, la psychologie plus ou moins simpliste.

Nous nous contentons de jouir de cette poésie qui donne vie et couleur à ces trois drames, et par instants nous berce de son rythme doux et lent. JEAN dks bonnefeuilles

1. Aux Editions Bossard, 43, rue Madame.

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