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4 LE CARNET DES EDITEURS

François Mentré : ESPÈCES ET VARIÉTÉS D'INTEL- LIGENCES. ÉLÉMENTS DE NOOLOGIE'. Un volume in-S".

L'on discerne assez vile entre les esprits — comme entre les visages — des traits communs. Il est plus malaisé de classer ces traits : il y faut interroger longuement les âmes, et scruter les oeuvres. Cependant quelle science est plus nécessaire que celle qui permettrait à l'éducateur de distinguer le genre d'ins- truction qui convient à chacun de ses élèves, au moraliste d'adapter à des intelligences de natures différentes les vérités qu'il découvre, au psychologue de distinguer entre plusieurs formes d'esprit, à chacun de nous enfin de découvrir le pour- quoi de ses brusques sympathies ou de ses hostilités irrai- sonnées. Il faut savoir gré à M. Mentré de n'avoir pas craint de considérer l'utilité directe, le profit immédiat, matériel qu'offre la solution d'un problème dont il était à même, plus que quiconque, de mesurer exactement la portée philoso- phique et morale.

L'on peut distinguer trois types noologiques fondamentaux. Le incdilalif, caractérisé par la prédominance des idées a d'ex- plication » — souci de la vérité, esprit de géométrie — donne naissance au type dévié de l'érudit-compilateur. Le contem- platif en qui prédominent les rapports subjectifs à base émotive — déforme lyrique, intuitive ou plastique — a pour type dévié le verbal qui se satisfait des mots. Le /)ra//(:/^u enfin, le moins connu des trois, est aussi celui que M. Mentré dépeint avec la plus fidèle ingéniosité : il est caractérisé par la prédominance des représentations musculaires, des idées « de mouvements »-; il a la vocation du dessin linéaire, son habileté à manier les choses, — ou les hommes qu'il considère comme des choses a pour contre-partie son incapacité à manier les mots, et les idées abstraites. La forme normale de ce type est le technicien ou l'administrateur, sa forme déviée l'utopiste.

S'il est vrai que le monde des intelligences soit aussi peu connu aujourd'hui que l'était l'Afrique au début du xix« siècle, il faut savoir le plus grand gré à M. Mentré, explorateur hardi et sagace, d'avoir tracé pour nous et suivi le premier quelques itinéraires sûrs dont il nous donne la description claire, sérieuse, aimable.

��I. Editions Bossaid, 43, rue Madame.

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