Page:NRF 16.djvu/785

Cette page n’a pas encore été corrigée

��LE CARNET DES ÉDITEURS 3

Edmond Jaloux : LA FIN D'UN BEAU JOUR '. Un volume in-i8 jésus, 6 francs.

La Fin d'un beau jour cstlc premier roman publié par Edmond Jaloux depuis que l'Académie Française lui décerna, au mois de juin dernier, le Grand Prix de Littérature. Ce nouvel ouvrage ne pourra qu'ajouter à la renommée du bel écrivain de Le Reste est silence et de Fumées dans la Campagne, dont M. Frédéric Masson, sous la coupole, se plut à définir « l'art supérieur, la justesse de touche, le souci de beauté et de profondeur » qui le placent au premier rang des romanciers de « la vie sentimen- tale contemporaine ». Maintes fois, le roman et le théâtre ont posé cette question : un homme âgé a-t-il le droit d'aimer une jeune fille, et de se laisser aimer d'elle ? Ici, c'est la qualité de l'homme qui complique le drame. Joachim Prémery est un romancier de génie. S'il hésite, malgré la tendresse qu'il a pour elle, à accepter d'Olive Hallencourt un amour ne d'une admi- ration exaltée pour son œuvre et d'une confiance sans limite dans sa bonté, il ne peut méconnaître que la présence d'Olive fait sa joie et sa force, et que d'elle dépend peut-être un dernier essor du génie. L'on comprend qu'il se révolte contre sa propre fille, l'autoritaire et égoïste M">'= de Jaulgonne, qui convoite Olive pour l'un de ses fils ; et l'on conçoit que la lutte ne dépose rien de sa violence lors même qu'il consent à abdiquer, à accorder Olive à Girbal, son disciple préféré, celui dans lequel il peut avoir l'illusion qu'elle pourra aimer un autre lui- même, son intelligence et son cœur. La Fin d'un beau journous apparaît, ainsi, non seulement comme un des plus beaux romans de la passion qui se domine, mais comme le plus vaste des drames de l'esprit. Jamais peut-être, autant qu'ici, la matière humaine ne fut remuée par un typhon qui semble bouleverser au même instant tous les pensers et tous les sentiments. Et, par un suprême raffinement d'art, Edmond Jaloux a situé cette crise dans le décor gracieux et solennel de Versailles, comme pour lui imposer cette mesure qui sauve les passions des éclats inutiles, et les développe en profondeur, afin peut-être que leur souvenir dure en nous comme une déchirante mais très harmonieuse leçon de dignité et d'héroïsme devant l'amour, devant la vie.

I . La Renaissance du Livre, 78, boulevard Saint-MichcL

�� �