Jean de Tinan : PENSES-TU RÉUSSIR ! ou Les diverses amours de mon ami Raoul de Vallotiges. Roman, i vol. in-i6 Jésus (19X14), tiré à nombre limité sur papier vergé '.
Ce roman, réédité après vingt-trois ans de demi-silence dans la pénombre d'admirations discrètes ou de bibliothèques aver- ties, a su garder le charme d'une confession et celui d'un âge aujourd'hui révolu.
Confession d'amour et d'amours, « Livre de Jeunesse », comme il s'appelle lui-même, ce livre est l'histoire d'une sensibi- lité, ainsi qu'on écrivait de son temps.
L'auteur, en mains le scalpel de Stendhal, froisse ses fibres les plus profondes et met à nu parfois une vérité. C'est un roman- tique qui, par dilettantisme barrésien, se guindé pour devenir héroïque. Ainsi l'œuvre porte sa date.
Ce qui en fait la nouveauté toujours vivante, c'est la manière dont les épisodes se déroulent, sans suite apparente comme la vie, avec des heurts, des vides, des retours et des élans, dont nous n'arrivons qu'après coup à saisir le mécanisme.
Film (avant le ciné) les pages de ce roman font passer devant nous, sans lien précisé, des débris de journal intime, des pages de critique philosophique, des scènes de bar, des paysages...
Penses-tu réussir ! Invitation à la vie, malgré la vie ; départ sans fin ; volonté de naïveté, tendue dans une âme très neuve qu'ont fanée des repliements forcés, des étiolements artificiels ; histoire de toute une génération. Penses-tu réussir à faire de ton cœur un champ d'expériences psychosentimentales ! Penses-tu réussir à aimer la vie ! Mais la vie ne demande pas si vous l'aimez. Il faut s'apprendre à se déprendre. La fin morale de ce jeune amoraliste rejoint la vieille morale la plus austère, celle des ascètes par désespoir : renoncer, c'est posséder.
A noter que cet ouvrage est le premier d'une Collection qui, sous le titre (( LA BONNE COMPAGNIE » réunira, pour le plaisir de quelques lettrés et de bibliophiles, des œuvres oubliées ou mal connues, d'âge et d'esprit très divers.
I. Au Sans Pareil, 37 avenue Kléber, Paris.
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