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de la lumière ! Voici le point commun le plus net que je perçois entre les peintres de France et ceux des Pays-Bas. Cette recherche, en Hollande amorcée par tous les maîtres, grands ou petits, du xvii^ siècle, et, en France, par Claude Lorrain et Chardin, devait s’exaspérer tout à coup jusqu’à la négation même de son objet au moment de l’impressionnisme. Puisque l’occasion nous est oÔcrte d’une comparaison entre les oeuvres de nos derniers maitres impressionnistes et les œuvres de ceux qui nous apparaissent comme leurs ancêtres, profitons-en pour énumérer les vertus les plus foncièrement inhérentes à la France et à la Hollande : le goût pour les compositions calmes et pour les formes attendries par la lumière ; la compréhension profonde des frissonnements atmosphériques ; le souci de la pureté prenant naissance dans la contemplation des choses familières, en d’autres pays réputées impures ; la recherche de l’absolu, non directement, d’un seul bond, comme chez les Italiens idéalistes, mais à travers les méandres de l’accidentel et du relatif ; le goût delà petite dimension, et de la matière dense, serrée, nourrie, en un mot le goût d’une peinture expressive, non à force d’étendue, mais plutôt par sa seule vertu explosive.

Est-ce goût naturel pour la restriction, et impuissance à concevoir quantitativement l’éloquence ? Pour un cœur français, Vermeer de Delft, plutôt que Rembrandt, possède une vertu attractive et fécondante. Le peintre de la Verseuse de lait confesse le goût hollandais pour les choses de l’esprit avec moins de détours que Rembrandt. Comme ce dernier, Vermeer laisse ses regards errer dans la rue sachant bien qu’il n’est pas un objet, si bas soit-il, que la lumière ne puisse diviniser ; mais, alors que Rembrandt éclabousse sa toile de ces clartés, sans souci souvent d’en canaliser plastiquement les effets, Vermeer ne se lasse pas de les contenir en des limites géométriques. Il convient de célébrer chez Vermeer, comme chez les maîtres Français les plus vivants à cette heure, l’amour des belles lignes verticales et horizontales qui sont comme les hiéroglyphes du silence. Ces lignes, qui introduisent dans l’œuvre animée des éléments de stabilité, on les peut opposer aux lignes serpentines, aux cour-