Page:NRF 16.djvu/733

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 727

Sens Je doux avenir Ta seiijler sur la joue- Conuue uii petit etijaiit Qn'on embrasse dix fois,

ou tel tableau crépusculaire d^une beauté magique :

lï sonnait dans l'a:(urphis noir Une lieure d'il y a cent ojts. Je srai^naSs cammi inie hlessura Le point de la première étoile^

(or de pareilles trouvailles se rencontrent à chaque page de Jules Romains), sa maîtrise cesse d'être en question. ,

Que vous reste-t-il de ce livre, vous demanderai-je donc plus précisément ? — Des images ! Que d'images intenses ! — Ah, lecteur d'aujourd'hui, j'attendais bien de vous ces mots-là !

Visions éclatantes ou délicates, âpres contacts, contours de passions et d'idées, certes, les notations les plus audacieuses foisonnent dans le Voyage des Amants. Lorsque Romains nous parle du train « aux dents de loup »,. des trottoirs « couleur d'avenir », du monde qu'il prend avec sa main « par sa rondeur, comme le verre,. » j^e crois qu'il témoigne d'autant de hardiesse que ceux 'qui, après avoir vidé de sens le langage, secouent leur vocabulaire dans un chapeau. Mais en matière d'art ce qui i mporte encore plus que l'audace, c'est la sorte d'usage que l'on en fait. \'o.us remarquerez, que chez Romains l'image es4: fort éloignée de ce simple rôle d'illustration que lui assignaient les romantiques, innocemment continués de nos jours par de naïfs novateurs. Elle ne nous fait point seulement voir le monde, mais connaître la façon dont nous y participons. Elle est la forme immédiate, retrouvée par une savante attention et un cœur simple, de nos sensations, de nos émotions, de nos vou- loirs. Comment un homme sent-il sa joie, sinon à ce que, dans ce bout du ciel qu'il entrevoit, la lumière lui semble « guérie ». Un degré de plus : il « pousse comme un cri » cette tour qui est devant lui. Un degré encore et :

... ians une espèce de fanfare Votre- vie en hlot est souhvéi Camme un poids: au bout d'un, liras tendu.

�� �