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M. Lasscrre qui trouve cela très expressif y voit néanmoins ces deux taches : « Comme les bêles qui vivciil sur les Ivs, compa- raison précieuse et forcée. Ce bourdon que Marthe vit au départ et qui ne nous dit rien, c'est un trait d'impressionnisme à la Rimbaud. » Souscrivez-vous à ces deux coups d'encre rouge ? Moi, pas du tout. J'aime pleinement cette comparaison vivante, les bêtes qu'on appelle des bêtes à lis (j'ignore leur autre nom) ne 'se voyant que sur ces fleurs. Et quant au bourdon, il ne res- semble en rien à quoi que ce §oit de Rimbaud ; et s'il ne dit rien à M. Lasserre il me dit beaucoup. Qui nous départagera, et de l'épaisseur de combien de critiques considérables s'en faut-il que mon goût soit formé et louable ?

Un autre exemple nous permettra peut-être de mieux con- clure. Il est certain que M. Claudel, pas plus que Péguy, n'est un écrivain sobre. Bien qu'à des endroits de ses drames il arrive à des moments de sobriété nerveuse saisissante, il a générale- ment besoin d'un large espace pour se déployer et pour étendre ses eaux de fleuve tropical. Mais n'y a-t-il de beauté que la beauté sobre ? Condamnerons-nous le Salyre et Jocelyu parce qu'ils manquent de sobriété ? « Un critique délicat, dit M. Lasserre, remarquant la prodigieuse quantité et l'extraordi- naire luxuriance des métaphores orientales au moyen desquelles Ysé et Mésa se déclarent leur amour dans Partage de Midi, y compare les quatre petits mots de l'héroïne racinienne : Non, je ne vous hais point, qui en disent bien plus long et qui nous tou- chent autrement le cœur. La musique de ces quatre petits mots échappe à l'oreille de M. Claudel, grande amie du bruit et du trouble. »

Notons que le critique délicat et M. Lasserre se sont mis deux pour se tromper, car aucune héroïne racinienne n'a jamais pro- féré la musique de ces quatre petits mots. Il est probable qu'ils ont confondu avec ces mots de Chimène à Rodrigue : Va, je ne te hais point. Ils ont eu le « cœur touché» par un fantôme. Et comme ces glissements de mémoire arrivent à tout le monde, je n'aurais pas eu la lourdeur de relever celui-ci s'il n'était carac- téristique de toute une méthode et de tout un esprit critique. L'hémistiche de Corneille était donné, dans l'ancienne rhéto- rique, comme l'exemple classique de litote, de même (\\x'Enlre le pauvre et vous élzït \c modèle obligatoire de syllepse. Or il

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