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702 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

(Fiôkla rentre. Chacun la presse de questions : Quoi ? qu'est-ce qu'il y a ?

Kotchkariov. — Qu'est-il arrivé ?

Fiôkla. — Rien du tout. Que veux-tu qu'il soit arrivé ?

Kotchkariov. — Pourquoi est-elle partie ?

Fiôkla. — Vous l'avez intimidée; elle est partie. Elle n'a pu tenir en place. Elle prie de l'excuser, et vous demande de venir ce soir prendre une tasse de thé. (Elle sort.)

Iaïtchnitsa, à part. — Ah, la tasse de thé ! Voilà pourquoi je n'aime pas ces entrevues. Il surgit toujours des complications : Aujourd'hui, impossible; venez demain, ou même après-demain, prendre une tasse de thé. Ou même : Il faut que nous y pensions. Et pourtant c'est une affaire de rien du tout, pas du tout un casse-tête. Que le diable l'emporte ! C'est que je n'ai pas le temps. Je suis un homme occupé.

Kotchkariov, à Podkolièssine. — Elle n'est pas mal, hein, la petite patronne ?

Podkolièssine. — Oui, pas mal.

Jévakine. — Elle est jolie, la petite maîtresse de maison ?

Kotchkariov, à part. — Le diable l'emporte ! L'imbécile est tombé amoureux. Il va nous gêner, je parie. (Haut.) Pas jolie, pas jolie du tout !

Iaïtchnitsa, — Elle a le nez long.

Jévakine. — Je n'ai pas remarqué cela. Une si jolie petite rose.

Anoutchkine. — Je suis du même avis que vous... C'est-à-dire, je me trompe... Pour moi, je crains qu'elle ne connaisse mal les manières du grand monde. Et je me demande si elle sait le français.

Jévakine. — Oserai-je vous demander pourquoi vous n'avez pas essayé de lui parler cette langue? Peut-être qu'elle la sait.

Anoutchkine. — Vous croyez que je sais le français ! Je n'ai pas eu le bonheur de recevoir une éducation si