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naire, conseiller honoraire. Il bégaie un peu, mais, en revanche, il est très modeste.

Arina Pantélèimonovna. — Tu ne fais que dire qu'il est fonctionnaire ; tu ferais mieux de nous raconter s'il ne boit pas.

Fiôkla. — Il boit, je ne dis pas le contraire ; il boit. Qu'y faire ? Mais il est bien conseiller honoraire ! Et avec ca, doux comme la soie.

Agafia Tikhonovna. — Ah, non, je ne veux pas d'un ivrogne !

Fiôkla. — A ton idée, petite mère. Si tu ne veux pas l'un, prends l'autre. Du reste, qu'est-ce que ça peut te faire qu'une fois il boive un peu plus que de raison ? Il n'est pas saoul toute la semaine. Il y a des jours où il ne boit pas...

Agafia Tikhonovna. — Et encore qu'y a-t-il ?

Fiôkla. — Il y en a encore un, mais rien de bien ; les premiers sont les plus convenables.

Agafia Tikhonovna. — Bon, mais qui est-ce ?

Fiôkla. — Je ne voudrais pas t'en parler. Il est, c'est vrai, conseiller de cour et décoré ; mais, très difficile à mettre debout; on ne peut pas le faire sortir de sa maison.

Agafia Tikhonovna. — Et encore qui y a-t-il ? Ça ne fait que cinq. Tu parlais de six.

Fiôkla. — Ça ne te suffit pas ! Tu vois que tu y as pris goût ; tout d'abord, six ça t'effrayait.

Arina Pantélèimonovna. — Et que ferons-nous de tous tes nobles ? Tu as beau en avoir six, un seul marchand les vaut bien.

Fiôkla. — Ah, je ne suis pas de votre avis, Arîna Pantélèimonovna ! Un fiancé noble est toujours plus respectable.

Arina Pantélèimonovna. — Qu'avons-nous à faire de ce respect ? Regarde-moi, par exemple, Alexis Dmîtriévitch quand il met son bonnet de zibeline et se promène en traîneau...

Fiôkla. — Et qu'un noble avec ses épaulettes le ren-