de sa paume, il bourrait la table. Et sa main était large comme un seau ; ça faisait peur. Et si tu veux la vérité, c'est lui qui a mis ta mère en marmelade. Sans lui la pauvre défunte aurait vécu beaucoup plus longtemps.
Agafia Tikhonovna. — Et tu veux que j'épouse un homme aussi méchant ! Pour rien au monde je n'épouserai un marchand.
Arina Pantélèimonovna. — Mais Alexis Dmîtriévitch n'est pas de ces gens-là.
Agafia Tikhonovna. — Je n'en veux pas ! n'en veux pas ! Il porte la barbe et quand il mangera, tout coulera dedans. Non, non, je ne le veux pas !
Arina Pantélèimonovna. — Et où prendras-tu un noble comme il faut ? Ça ne court pas les rues.
Agafia Tikhonovna. — Fiôkla Ivànovna en trouvera un. Elle m'a promis d'en trouver un parfait.
Arina Pantélèimonovna. — Mais c'est une menteuse, ma chérie.
Scène XIII
Fiôkla. — Ah, Arîna Pantélèimonovna, c'est un gros péché de porter un faux jugement.
Agafia Tikhonovna. — Ah, c'est Fiôkla Ivànovna ? Eh bien, parle, raconte ! Tu en as ?
Fiôkla. — J'en ai... Mais laisse-moi d'abord reprendre mes sens, tant je me suis démenée. Pour toi, j'ai sonné à toutes les portes ; j'ai couru les chancelleries, les ministères, les corps de garde. Sais-tu, petite mère, qu'on m'a presque battue. Je te jure ! Cette vieille qui a marié les Afiôrov s'est collée à moi : « Ah, me dit-elle, tu es ceci et cela ; tu m'arraches le pain de la bouche ; reste au moins dans ton quartier. » — « Comptes-y, lui ai-je répliqué carrément. Tu as beau te fâcher : pour satisfaire ma cliente, lui ai-je dit, je suis prête à tout. » Mais aussi quels prétendants