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628 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'ennemis à la tragique Marie, demeurée « charmante » et à qui l'on vit la critique officielle rendre les armes. Détournerons- nous aussi d'elle les néo-fantaisistes, grammairiens espiègles joliment habillés qui la louèrent de sa naïveté : « pauvre biche prise au piège entre les Fauves et les cubistes » ?

Marie Laurencin n'eut jamais aucune naïveté.

C'est la Fête chez Thérèse sous un signe fatal. Par delà le mur de roses, des hommes las montent vers un front qui recule toujours.

Marie Laurencin a donné l'une des plus profondes représen- tations de notre vie moderne. Par là, elle a forcé l'attention de plusieurs, et si justement que la critique officielle nous épargne aujourd'hui de décrire ses façons de peindre dont la bonne volonté des médiocres n'a pas encore réussi d'extraire un procédé. Marie Laurencin est une systématique de l'intuition.

��André Lhote fut avec allégresse au-devant d'une position dangereuse. Michel Bréal contait l'histoire de ce gentilhomme andalou qui, nommé juge, prit le lit, fou de terreur à la pensée — violemment révoquée — de manier les dangereux engins des lois. Critique, Lhote risquait plus encore. Un perpétuel débat devait être stérilisant. Le méditant pouvait-il demeurer militant ? Une aisance harmonieuse de l'esprit a conservé sa m:i,in au peintre. Le seul péril serait, bien plus que de com- poser de grands ouvrages à considérer comme les figures illustrant la théorie, le Manuel du Peintre Intelligent, d'in- sister sur cette aisance entretenue, sur la liberté de cette main sauvée. Est-ce à cela que l'on pensait en visitant sa récente exposition d'aquarelles ? Seuls y pensèrent ceux que la très proche amitié fit trembler. André Lhote s'est inquiété en vain. Non pas en vain, pourtant, si le méditant, ne croyant qu'à un exercice d'hygiène, a conduit plus loin le militant.

ANDRÉ SALMON

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GEORGE ELIOT ET GEORGE MEREDITH : A PROPOS DE SHAGPAT RASÉ.

Lorsque The Saving of Shagpat parut, George Eliot salua

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