temps, peut-être... Mais parmi ses coatemporaias ? Il n’a pas fait la grande « carrière temporelle » qui procure à l’homme de let- tres la i’ortune avec les honneurs. C’est entendu. Mais est-ce là U mesure du « grand écrivain » à une époque comme la nôtre, où le jeu des sanctions se trouve nécessairement faussé par l’incohérence même du public ? S’il n’a pas obtenu la gloire qu’il rêvait d’abord, la gloire qu’il obtint n’a pas fini de monter et de s’étendre et c’est celle d’un animateur de premier plan ; puis sur le terrain de la vraie grandeur, il a réalisé, dans le temps qui lui fut donné, un maximum qu’aucun autre écrivain de son temps ue dépasse ; il a tout dit, essentiellement, de ce qu’il voulait dire et dans la forme qu’il voulait. Cette forme est discutable, soit ; mais vivante, certes ; mais intelligible ; mais française ; ses défauts sont ceux d’avant-guerre. Disons qu’il est né trop tôt ou trop tard. A une époque — dont heureusement le déclin commence — où tous les hommes d’une certaine puissance sont condamnés à se chercher longtemps, voire indéfiniment avant d’agir, Péguy ne cesse pas d’agir dans le même temps qu’il se cherche, ni de créer avec des moyens de fortune. C’est tout ce qu’il était permis de demander au grand écrivain en un siècle sans traditions de métier.
HENRI GHÉON
LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN, illustrations en couleurs de Chas-Laborde (Editions de la Banderole ; Éditions de la Nouvelle Revue Française) ;
LA CLIQUE DU CAFÉ BREBIS, histoire d’un centre de rééducation intellectuelle, par P^meMJac Or/an (Ilenais- sance du Livre).
Pierre Mac Orlan est venu prendre place au Grand Conseil des Lettres précédé d’une légende. Faudra-t-il faire violence à plusieurs pour bousculer cette légende, brillante et aussi confortable que certaines opinions politiques ? L’homme le plus moderne. Un amateur de clairon qui sait le refrain de la Légion Etrangère ; un poète dont son ami, l’ancien gabier devenu cafetier à Moclan, épingle sur les murs du cabaret le portrait, en uniforme khaki, découpé dans le Bulletin de l’Association des Anciens du. Racing-Club de France.