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éoO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

goût pour cette vie à la fois spirituelle et romanesque, qui nous a toujours paru la plus belle de toutes. » A la bonne heure ! Mais de ce qu'un homme intelligent d'aujourd'hui goûte ces deux formes de vie, il ne s'ensuit pas qu'elles puissent être réalisées, ni par lui ni par un autre, sous leur forme pure et totale, en une figure artistique, en une image du génie. « Le paradis, disait M. Barrés, c'est d'être à la fois clairvoyant et fiévreux. » Le para- dis du Père Éternel lui-même conciliera-t-ilcescontradictoires? J'ai voulu montrer simplement la difticulté d'une tâche telle que celle qu'a entreprise l'auteur de la Fin d'un Beau Jour. J'ai indiqué les raisons pour lesquellesun romancier aura infiniment plus de chances de réaliser comme vivante une figure de raté comme le Maurice de Cordouan de Fumées dans la Campagne qu'une figure de génie achevé et sublime comme Joachim Pré- mery. Et cela nous amènerait à chercher comment et pourquoi le roman du xix' siècle, surtout français, a été particulièrement le lieu des existences obscures ou des existences qui se défont.

ALBERT THIBAUDET

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