560 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
€Ssor. Inventer, créer, fournir ne lui sont possibles que dans l'oubli.
Que la mémoire allemande soit faible, qu'elle ne reçoive pas d'impressions irrémédiables, ou plutôt qu'elle ne puisse pas s'attacher au passé, y coller au point qu'une conviction et une conduite en découlent, c'est ce que mille exemples depuis la Révolution ont à nouveau montré. Le roi Ferdi- nand de Bulgarie est venu s'installer à Gotha et il y a rapi- dement conquis, paraît-il, une véritable popularité. Pour qui se rappelle le tour qu'il joua aux Allemands en sep- tembre 19 18, et que l'armistice qu'il signa avec nous, fut l'origine de toute leur déconfiture, ce succès apparaît tout au moins extraordinaire. Imagine-t-on Constantin de Grèce, même après dix ans, même après trente, venant s'établir en France et y jouissant de la considération publique ?
Mais pour l'Allemand les dents sont difficiles à garder, quand les causes qui les ont fait pousser ont cessé d'être actives. L'armistice bulgare, cela est bien vieux; de grandes fatalités étaient alors en jeu, dont il ne fut qu'un mince effet : « Es bat kein Zweck », il n'y a aucun « but », aucun sens, aucune utilité, à en remâcher encore l'insulte. Tout a bougé depuis ; l'événement a été replongé dans la masse. Ce qui est intéressant, c'est de voir où l'on en est aujour- d'hui '.
La Révolution Allemande, en elle-même, fut essentielle- ment opportuniste. C'est ce que la presse de l'Entente n'a pas manqué de, souligner aussitôt. Bien entendu, le calcul qu'elle attribuait aux Allemands : celui de fléchir notre colère et particulièrement de se concilier le Président Wilson, n'était dans leur esprit ni aussi conscient, ni aussi clair qu'elle le supposait. Il y avait seulement ceci de vrai que les Allemands ne se mettaient pas en révolution sous
I . << Regarder devant nous est le plus important ; regarder en arrière pour critiquer une situation comme la nôtre serait quelque chose de particulièrement infructueux. » Fraw^/?»-/^;- Z^//z<wo- du 11 mars 1921.
�� �