Page:NRF 16.djvu/555

Cette page n’a pas encore été corrigée

MARS OU LA GUERRE JUGEE 549

brables souvenirs et témoignages, dont la concordance fait paraître enfin une sorte de Fait qui, bien loin de se dérober au regard, se montre partout au contraire dès qu'on le cherche, et même là où l'on ne l'attendrait point. Sans se demander donc si l'on aurait pu y échapper, si on pourra y- échapper, ni même par quels moyens on pourrait y échapper, d'abord essayer de se dire à soi-même ce que c'est ; simplement ce que c'est ; le fait nu, sans aucun vête- ment. Tâche pénible, et qui, comme j'ai observé, conduit d'abord à une sorte d'horreur, sans aucun effet concevable. Mais cette horreur ne peut aller sans un grand repentir à l'égard des mille approbations, chacune de petite impor- tance, auxquelles vos serments ne vous obligeaient point. Là se trouve le germe de la vraie Résistance, qui est d'Esprit. Et si vous doutez qu'elle suffise, observez le visage du Tyran, grand ou petit, pendant qu'il lira ces lignes.

DU SOUVERAIN

Le sage - m'arrête et me dit : « Il n'est pas d'un esprit juste de nier les faits, mais bien de les constater et de s'en accommoder. La guerre est un fait ; j'estime vain de deman- der si elle est bonne ou mauvaise. »

Oui, mon cher sage. Tu es fils de ces deux ou trois siècles où l'on s'est enivré de science ; et certes il faut con- naître la nécessité extérieure ; il n'est pas possible de ruser avec elle sans d'abord lui obéir ; mais cette vue purement industrielle a engourdi l'esprit, à ce que je crois, lui pres- crivant de tout prendre comme fait, et d'être enregistreur, non jugeur.

Or cela est bon à l'égard du volcan et du cyclone ; de toute façon il faut que je supporte ; et, si j'ai d'abord observé sans parti pris, je me trouve mieux placé pour prévoir. J'ajoute que la guerre est bien aussi, à un moment, une espèce de volcan ou de cyclone ; et ma doctrine politique est qu'il faut suivre la folie commune de gré ou de force, quand

�� �