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MARS OU LA GUERRE JUGÉE 535

irrévocablement. C'est pourquoi, dans le moment même où la délibération est sans remède, la main se lève ; non pas malgré l'irrésolution, mais à cause de l'irrésolution. Re- marquez que le refus ne décide rien, parce qu'on sait bien que la même question sera posée dix fois ; et la vieille poli- tique militaire fait toujours cordialement entendre, selon ses pratiques connues, que l'on finira par forcer ceux qui ne veulent point consentir. Cette attente sûre d'elle-même est trop forte pour un cœur jeune.

Il se peut que ce mouvement décidé soit proprement viril. Balzac dit, en Bcatrix, que les femmes supportent mieux l'irrésolution et l'attente ; dont la raison est sans doute dans la structure physique, moins musclée, moins violente en ses réactions sur elle-même, j'oserais dire moins thoracique. Du moins je suis bien sûr que le mâle de l'espèce, surtout jeune^ est bâti comme je dis, et prompt à choisir son malheur. Mettez-en cent mille ensemble, et vous en verrez sortir le fait humain accompli, par quoi se terminent toujours les délibérations des vieillards. De quoi les vieillards triomphent; mais cette duplicité des politiques doit être jugée. Il y a des questions qu'il ne faut point poser à un homme de vingt ans.

��DU COMMANDEMENT

« Trop de paroles. Il s'agit de trouver un responsable, et de le punir. » Ainsi parlait un capitaine qui, par sa fonction, gouvernait une petite ville d'aviateurs et d'ou- vriers. Il n'était pas aimé et je crois qu'il ne s'en souciait guère.

Cette méthode a de quoi étonner ; car l'amitié^ la con- fiance et l'attention au beau travail peuvent beaucoup sur les hommes. Je suis, pour ma part, de ceux qui croient qu'une société d'hommes peut vivre et prospérer par le bon sens de chacun, à quelques exceptions près ; aussi

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