Page:NRF 16.djvu/492

Cette page n’a pas encore été corrigée

486 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��* « 

��LA xMAISON DU SAGE, par Louis Artiis (Emile-Paul).

Ce livre analyse la lente dépravation d'un homme qui pou- vait se croire, par sa force et sa maturité, à l'abri des surprises et dont^ le caractère se désagrège au contact d'un aventurier. L-'étude est pénétrante. On nous avait déjà montré, dans i7w;worrt//V/i.' par exemple, la réaction qui s'opère au moment où une nature gauchie par l'éducation se découvre elle-même ; mais si Michel n'avait pas rencontré Ménalque, nous savons bien qu'il n'en aurait pas moins obéi, tôt ou tard, aux forces intérieures qui réclamaient leur libération ; le démoralisateur ne fait que confirmer le mouvement spontané d'un tempérament. Le seul fait que l'homme dont M. Artus étudie le glissement, soit depuis longtemps sorti de la jeunesse, pose le problème assez différemment. Il n'est pas impossible qu'une nature active, prise dans les cadres du métier et de la famille, même si on la suppose avertie et perspicace, ignore jusque dans l'âge mûr les curiosités et les appétits qui couvent en elle (n'oublions pas qu'il ne s'agit pas ici d'un amour soudain, dont une vie bien assise se trouverait bouleversée, mais de ces poussées obscures des sens et de l'imagination, qui n'ont pas besoin d'être provoquées par un objet précis). Pourtant, si cette fermentation ne se pro- duit que vers la cinquantaine, il y a des chances pour qu'elle ne réponde pas à des passions bien impérieuses et pour qu'il faille admettre une contamination réelle, facilitée par une surprenante absence de réaction. Moralement l'on n'attrape guère que les maladies que l'on a déjà, et peut-être M. Artus pense-t-il que riiomme, entaché de péché originel, possède en lui-même tous les mauvais germes. Quoi qu'il en soit, spontanéité et passivité se confondent dans l'entraînement auquel obéit le personnage central de son roman, et nous voudrions discerner plus clai- rement dans quelle mesure ces éléments entrent en jeu, car c'est là le point qui nous intéresse, nous autres lecteurs curieux d'analyse. Nous en voulons un peu à M. Artus de faire passer au second plan l'origine même de la déchéance et de céder trop facilement à « la joie dure » qu'il éprouve en voyant s'écrouler « la demeure du sage ». Dans son désir d'humilier la superbe de

�� �