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NOTES 483

Vautre meurt de jalousie

et moi, je me meurs d'atnoiir...

Mais sa muse poite les atours de son siècle. On l'imagine empanachée comme une nymphe de Toulouse-Lautrec, au milieu de chapeaux de haute-forme qui bougent comme des marionnettes noires, reflétés à l'infini dans lesglaces du bar. Sur la vitre embuée le boulevard d'automne passe comme un spec- tacle d'ombres. Musique de Rico ; valses lentes de l'Exposition universelle ; épaules de Paulctte Darly ; sourire de Germaine Gallois ; jupons de Mealy-Froufrou. Le jazz-band, les nègres et leurs frénésies mercantiles n'égayaient encore, outre-océan, que des puritains en rupture du club salutiste. Toulet est parti au moment qu'il fallait. Il se fait trop de bruits dans les lieux qu'il aima et l'on n'y pourrait plus commodément réciter tel distique impromptu :

Ciel ! Isadora Duiican

Va danser. F...ons le camp.

Il est bien que des poètes aient célébré la danseuse : « Corps de la femme argile idéale à merveille ». Il n'est pas mauvais qu'un homme d'esprit soit demeuré rebelle au délire esthétique et à l'envahissajate fureur d'exégèse plastique. L'incompréhension du « Boulevard » flétrie par les purs des brasseries de la Rive Gauche, eut souvent son bon côté, et ses côtés charmants. Lors- que tant de sots considèrent l'art comme un sacerdoce, c'est tant mieux qu'un vrai poète n'y veuille voir qu'un honnête divertissement. Tout ce qui dégoûte de la fausse profondeur et du faux sublime est un précieux antidote, par le temps qui court.

Toulet avait peu de soufiîe, hélas ! et moins de coffre encore, mais comme il disait juste :

L'un vainqueur ou Vautre haitu Ces Veaux soldats qui vous ont faite Gardaient jusque dans la défaite Le sourire de leur vertu. Vous, pour avoir rendu les armes Je vous trouve Jondue en larmes

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