Page:NRF 16.djvu/482

Cette page n’a pas encore été corrigée

47^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

��*

  • *

��Et pourtant il y a une âme de vérité dans tout cela, il y a une poésie dans l'ivresse du Thrace et le Strymon glacé. Et si je trouve à M. Vodoz une certaine lourdeur, je ne lui refuse pas le don de m'instruire.

Gardons-nous d'abord d'une confusion qui dénaturerait sa pensée. 11 serait absurde de lui faire dire que Victor Hugo a eu conscience du symbolisme qu'il lui prête. Bien au contraire tout cela se passe dans son inconscient, ou à peu près. « Le poète n'était pas conscient de la valeur de son travail. Il se disait simplement que le sujet lui avait plu. l'avait attiré parce qu'il lui permettait d'exercer toutes ses facultés d'artiste, de visionnaire ; la source de la force impétueuse qui s'y manifeste lui était inconnue. » Ajoutons que la critique de M. Vodoz a au moins le mérite d'être très hugolienne. Elle eût plu à Vic- tor Hugo, etjevois d'ici la lette enthousiaste que l'auteur, s'il eût écrit son livre soixante ans plus tôt, eût reçue de Guernesey. Comme il l'a fait pour l'article dejubinalsur Roland, l'auteur du Satyre eût peut-être transposé ce livre en un poème éblouissant de l'inspiration, qu'il a esquissé d'ailleurs dans le poème des Quatre Vents où il traite un peu les mascarons du Pont-Neuf comme M. Vodoz traite son Roland :

Shakespeare, ô profondeur ! savait-il tout Shakespeare... ? Ce songeur était-il dans son propre secret F

Et c'est là un point que nous devons retenir au bénéfice de M. Vodoz.

D'autre part on a déjà reconnu une des méprises qui renden t un peu comique ce livre écrit à Zurich. Ce que M. Vodoz explique par l'inconscient, nous l'expliquons par des associations de mots, d'assonances, d'allitérations, et surtout de rimes. Nous sommes habitués depuis longtemps à voir le génie de Hugo conduit docilement et splendidement par ces êtres vivants que sont les mots ; nous plaçant à l'intérieur et dans la chair de sa poésie, nous en suivons la circulation, l'ondulation physiques, nous la connaissons surtout comme corps et nous lui donnons comme âme la seule beauté sensuelle de ce corps. Nous la

�� �