Page:NRF 16.djvu/480

Cette page n’a pas encore été corrigée

474 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de bonne souche, son aïeul est le célèbre Garin, son père le non moins célèbre Gérard : les classiques sont les descendants de Corneille et de Racine ! Pour ce combat Olivier fut habillé par son père. Les Romantiques reprochaient aux Classiques leur manque d'originalité, leur dépendance, leur imitation servile des grands modèles; ils leur reprochaient de continuer à puiser à la source tarie de l'antiquité... Serait-ce pour cela que Roland appelle Olivier un vassal ? Un étrange combat est représenté sur la targe d'Olivier : Bacchus, le dieu du vin, faisant la guerre aux Normands, buveurs de cidre. Cela ressemble fort à de l'ironie. Le poète veut-il faire ressortir combien le Français se rend ridicule en se laissant griser par l'antiquité, qui prend la forme du grotesque Dieu du vin, tandis que son sol lui fournit une boisson plus saine et plus conforme à sa nature ? I // porte le haubert que portait Salomon,

le moraliste, le sage, la personnification de la raison et de la vertu ? (Le point d'interrogation est de M. Vodoz et signifie qu'il doute non de son raisonnement, mais de la vertu de Salo- mon.) Inutile d'insister sur le sens de cette image. La raison n'était-elle pas la faculté maîtresse des Classiques ? N'étaient-ils pas, eux aussi, à leur façon, des moralistes ? Corneille ne prê- chait-il pas la vertu ? et, dans ses pièces, le vice n'est-il pas toujours puni, tandis que la vertu est récompensée ?

Son casque est enfoui sous les ailes d'une hydre.

Les Classiques, eux aussi, rendaient un certain culte au mer- veilleux mythologique... Olivier a gravé son nom sur son estoc afin qu'on s'en souvienne. La vanité des Classiques est assez connue, ce qui ne veut pas dire que les Romantiques eussent été étrangers à ce défaut... Il était également sous l'impression de la religiosité des Classiques... Voilà pourquoi au moment du départ l'archevêque de Vienne « bénit le pieux chevalier ». Puis lorsque Roland et Olivier se battent, l'un avec un chêne, l'autre avec un orme, c'est que le chêne est « l'emblème du sol gaulois, de la vieille France », tandis que l'orme est « l'arbre de Racine, l'arbre dont l'élégance, la finesse, la distinction, contrastent avec la robuste carrure du chêne ».

�� �