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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

PSYCHANALYSE ET CRITIQUE

On sait quelle influence considérable exercent aujourd'hui hors de France les théories psychologiques et les moyens de thérapeutique morale que Siegmund Freud a formulés sous le nom de psychanalyse. Je dis hors de France, car des étrangers et Freud lui-même ont manifesté plusieurs fois un étonnement un peu attristé en voyant que non seulement le public instruit, mais même, ce qui est plus grave, les psychologues paraissent les ignorer à peu près. La Revue Philosophique, qui est restée après son fondateur et illustre directeur, Ribot, principalement un organe d'étude et d'information touchant la psychologie, n'y a guère fait attention, jusqu'ici, que par des comptes-rendus sommaires, un peu ironiques. Seuls des médecins en ont donné des exposés, mais la littérature dogmatique et courte des méde- cins est une chose, et la psychologie en est une autre. A Freud la maison Alcan n'a pas encore fait l'honneur d'un de ces com- modes 2,50 (8,40 aujourd'hui !) par lesquels MM. Ribot, Lich- tenberger, Le Roy mirent Schopenhauer, Nietzsche ou Bergson , alors dans leur nouveauté relative, à la portée du grand public , et qui sont une des formes de la popularité philosophique.

On s'en étonnera moins quand on songera que, pour des raisons qu'il serait peut-être possible de voir en se servant de fortes lunettes, la psychologie est une science qui prend à ses heures une figure curieusement nationaliste. Des fenêtres sur le dehors, comme les grands livres de Ribot sur la Psychologie anglaise et la Psychologie allemande, sont rares chez nous, et ces belles informations, ces justes mises au point n'ont guère été continuées après lui. La France, avec sa vieille et forte tradition

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