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MONSIEUR SLUDGE, LE MEDIUM . 457

faire marcher de merveilleux jeux d'eau !... seulement, il ne reste plus d'eau pour alimenter. Jeune, vous avez un espoir, un but, un amour, vous jouez à pile ou face ; c'est pile : vous perdez... vous ne renoncez pas, gardant au fond du cœur, malgré le froid et la douleur, je ne sais quelle étincelle abritée contre les souffles d'alentour. Tout cela se calme avec le temps ; le moment est venu du triomphe de l'âge : la lumière secrète que vous comptiez répandre sur la face changée des choses, élevez-la sur le trépied !... Trop tard : elle est éteinte. — Ce qui vous reste de temps à vivre, passez-le à vous demander lequel valait mieux de la lumière enfouie qui jamais ne se révéla ou du flambeau qui, une fois refroidi, eut toute liberté de briller.

Admettez-donc ceci encore : cherchez-en le fruit, non pas dans le plaisir (nous savons que ce n'est qu'un rêve ici- bas), mais dans la connaissance qui peut servir en une autre occasion, en une autre vie... Ce monde vous échappe : vous avez acquis sa connaissance pour le prochain. Quelle connaissance, Monsieur, sinon que vous ne savez rien ? — Oui 1 vous vous demandez s'il valait mieux être créé homme ou bête, s'il existe rien de vrai, si le mal et le bien s'oppo- sent. — Sans noblesse ni vilenie, sans dedans et sans dehors... voilà votre monde !

Livrez-le moi ! Je le frappe vivement du sceptre en car- ton d'Arlequin : de quoi a t-il l'air, maintenant ? — Il a changé, comme au premier retour de la vague montante, une roche plate, rugueuse d'algues rouillées : toute cette matière sèche, morte, inutile, renaît à la vie, à la lumière : pareillement ce monde envahi par l'afflux de l'autre.

Je trompe... et quel est l'heureux résultat ? Aussitôt, vous trouvez que pleine justice vous est rendue, que tous vos besoins sont satisfaits, apaisées toutes vos ignorances, dissipées toutes vos folies. Désormais, plus de labeur d'une vie entière au prix de moins que rien ! plus de voile qui vous maintienne enchaîné plus durement, semble-t-il, que des fers, sans que vous puissiez seulement étirer vos bras et

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