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GENS 409

verncment où il n'y a plus de liberté pour la religion et pour le commerce, la France est malheureuse.

On lui avait une fois demandé de fermer un débit qu'il possédait en face du lycée, et où les jeunes gens prenaient, auprès des deux femmes qui servaient la bière, ce qui était très suffisant à empêcher la continuation de leurs études. M. Om^r Locquart avait répondu :

— J'ai payé mes contributions.

Il était le deuxième fils des Locquart, du Cambrésis, qui en avaient quatre et deux filles, tous richement établis.

La fortune de la famille avait commencé au grand- père Locquart, plaçant ses économies de petit brasseur en actions de la compagnie des mines de Bruay. Les petits-fils avaient retrouvé ce capital multiplié par vingt, mais ne s'en étaient pas contentés. Ils avaient créé des distilleries en acceptant comme actionnaires tous les petits cultivateurs de betteraves. Le conseil d'administration donnait de minimes dividendes, contre quoi les paysans n'osaient réclamer, par crainte que la distillerie n'achète plus leur récolte.

Les Locquart brasseurs et distillateurs avaient beaucoup d'estaminets près des puits de mines. Ils possédaient aussi une verrerie, un tissage, une sucrerie, un moulin. Ils installaient autour de ces lieux de travail assez de débits de boisson pour ne laisser à aucun autre brasseur la possibilité de reprendre tout ce qui était possible du salaire des souf- fleurs de bouteilles, des tisseurs de batiste, des ouvriers de sucrerie et de minoterie.

M. Omer Locquart s'était spécialisé dans la comman- dite des briqueteries. Il y prenait en plus de sa participa- tion d'intérêts, le droit exclusif de fournir la boisson sur les chantiers où les ouvriers viennent en avril et travaillent jusqu'en septembre. Ils font dur métier par équipes de sept depuis le démêleur qui bêche l'argile et l'amollit d'eau, jusqu'aux enfants qui prennent la brique moulée, la por- tent sécher sur le sol sablé. La couche d'argile utilisable est généralement de deux mètres, de sorte que le travail

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