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402 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Mais voilà un Stendhal qui nous était déjà familier. Ces nouvelles lettres ' nous permettent seulement d'ajouter quelques retouches légères à son portrait fraternel.

C'est ainsi qu'un jour elles nous font découvrir en lui un brave homme d'oncle tout prêt à gâter ses neveux : « A.ie donc des enfants, écrit-il à Pauline, que je puisse aimer autant que je vous aime » ; et il insiste : « Tâchez donc de me faire des neveux... » Mais Pauline ne voulut pas s'exécuter, et Beyle, vieillissant, n'aura point l'illusion d'une famille.

Nous le voj'ons aussi recommander à sa sœur la plus stricte observance de ses devoirs d'épouse. A vrai dire, si cet émule de Valmont, qui avait quelques maris sur la conscience, prêche à Pauline la fidélité conjugale, la morale n'y est pour rien. Plein de sagesse pratique et de froide raison, quand il s'agit des autres, Beyle a beau jeu pour montrer à sa sœur les dangers de l'adultère : n'est-elle pas entourée comme lui-même d'envieux à l'affût ? Car la nature les a faits tous les deux différents du commun des hommes, et vraiment d'une autre « espèce que ces ani- maux-là. »

Et c'est ainsi, nous le voulons croire, que François Périer- Lagrange, gnîce à Beyle, ne fut point un mari trompé.

On recueillerait, en lisant ces lettres, bien d'autres menus épisodes pour illustrer la vie d'Henri Beyle, et par surcroît mille détails matériels, dates, itinéraires, adresses, qui seront fort utiles à ses biographes, ou qui toucheront ceux qui aiment à vivre dans son intimité, — sans parler de maintes pensées aiguës, où nous savourtjns un beylisme • du meilleur cru.

Mais ces lettres apportent plus encore. Elles nous révèlent un Stendhal que jusqu'ici on pouvait seulement entrevoir, et par échappées, le Stendhal ambitieux, et homme d'argent.

I. Lettres à Pauline (Editions de h Connaissance).

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