Page:NRF 16.djvu/407

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES NOUVELLES

LETTRES DE STENDHAL

A PAULINE

��Les lettres de Beyle à sa sœur sont apparemment les plus sincères qu'il écrivît jamais. De tous les points de l'Europe où le promènent son caprice, son ambition ou son amour, il envoie à cette petite provinciale les plus précieuses confi- dences. Elle ne lui répond guère. N'importe ! Sans se lasser, pendant vingt-cinq ans, il lui écrit. A quelle femme Sten- dhal fut-il jamais aussi fidèle ?

Nous possédions, dans la Correspondance éditée par A. Paupe, i66 lettres d'Henri Beyle à Pauline. Les 117 nouvelles lettres que nous révèlent MM. L. Royer et R. de la Tour du Viliard ne font, sur bien des points, que con- firmer ce- que nous savions déjà. Nous connaissions cette amitié singulière, où Beyle semble avoir concentré tout ce qu'il y avait en lui de sentiment familial sans emploi, — amitié fort peu caressante (à peine embrasse-t-il sa sœur, dans ses lettres), mais qui n'en parle pas moins, bien sou- vent, avec toute l'énergie de l'amour. A la façon dont Beyle aimait ses maîtresses, y avait-il pour lui tant de dif- férence entre l'amour et l'amitié ? C'est la belle âme de Victorinc, ou de Mélanie, ou même d'Angela, qui exalte son imagination, plus romanesque que sensuelle ; et n'écrit-il point à sa sœur : (( Henri ne trouvera jamais une plus belle âme que Pauline » ; « J'épouserais une autre Pauline, si j'en trouvais une qui ne fût pas ma sœur » ? Henri Beyle est un chaste. C'est pour cela que, sans danger aucun, il lui arrive de confondre tous les sentiments.

26

�� �