394 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
les couchers de soleil à la Corot mais pour cela il faut des rentes, ou sinon des rentes, de beaux appointements. Voilà pourquoi je passe le concours du Ministère des Travaux publics, me comprenez-vous ? certainement avec votre intelligence vous m'avez compris ! D'ailleurs je suis un peu inventeur et il me faut l'appréciation des hommes de l'art. J'ai inventé une machine pour désagréger les déblais provenant de fonds résistants de manière à en rendre le transport plus facile. Que ferais-je avec ma machine sur papier dans ce pays ? Vous avez ici un magnifique musée, je n'en disconviens pas, mais comment voulez-vous, n'est- ce pas, qu'on ait confiance que tous les tableaux ne soient pas plus ou moins faux, étant donné que les originaux doi- vent être au Louvre ou dans les capitales comme le British Muséum de Londres. Dès lors, qu'est-ce que l'amour pour un homme qui souffre ? une consolation passagère. Est-ce qu'un homme délicat peut demander à une personne qui croit en sa loyauté un moment de plaisir sans lendemain ? Le mariage, je ne peux le promettre étant donné que je ne suis pas mûr pour le mariage. Une heure de plaisir ! et ce n'est pas une réponse à l'amour que vous m'offrez avec franchise et ça prouve en votre faveur. Alors moi aussi je serai franc : j'ai mon concours et un concours ça n'attend pas !
« Oui ! votre mignonne petite taille, votre petite bou- che mignonne, et tout votre petit corps trottera dans ma cervelle la nuit comme le jour. Bien des fois je verrai votre céleste image entre le tableau noir et mes yeux mais je dois penser à l'avenir. Qui sait ? qui sait ? qui sait ?
« Celui qui vous aime et qui souffre sans adieu.
« Lucien Perette. »
COMMENTAIRE
L'auteur de cette lettre est digne de l'estime de celui qui la rapporte et de l'estime du lecteur. Loin de nous la pen-
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