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392 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

il fut indulgent pour celui d’Anna jusqu’au jour où l’héroïne de son « petit roman ailleurs » devint jalouse ; il se para de dignité, parla amèrement d’Aristide. Ces messieurs sont toujours de très bons amis Dieu merci. Charles a même lu à Aristide la lettre reproduite ici. Ils en ont ri ensemble au café.

II

��DEUX LETTRES ÉCRITES A QUINZE ANS D’INTERVALLE

A Mademoiselle Marie V..., chez ses parents,

Nouveautés, 15, rue du Pont-Tournant, E. V.

« Mademoiselle,

« Il est toujours flatteur de recevoir une lettre d’amour surtout dans cette ville ci où on s’ennuie tellement. Mettez- vous bien dans l’idée que si je ne vous ai pas répondu tout de suite ce n’est pas qu’il ne m’était pas agréable de faire plus ample connaissance avec une charmante demoiselle mais c’est que j’ai beaucoup à faire à cause de mon concours. Ah ! mademoiselle ! je ne suis pas une personne poétique, comme vous dites. Ce n’est pas une raison parce que vous m’avez rencontré avec votre honorable famille en train de regarder le coucher de soleil sur le chemin de halage pour que je sois ce que vous dites. Je ne dis pas que à l’occasion je ne pourrai pas vous faire des vers comme vous me faites l’honneur de me le demander, mais je vous avertis que je ne suis pas un Lamartine ni même un Victor Hugo dans le genre. Savez-vous ce que c’est que les drains en pierres sèches et les drains en tuyaux ? Ce sont des questions qui n’intéressent pas et pourtant les drains en pierres sèches ne se bouchent pas aussi facilement que les autres et c’est cette science des ingénieurs des Ponts et

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