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LETTRES AVEC COMMENTAIRES 389

doigts. Or jamais Charles n'a proféré une plainte au sujet de vos amusements musicaux, c'est vous, permettez-moi de vous le dire, c'est vous qui avez été un soir attristée par le talent de madame Protaize laquelle joue vraiment assez allègrement les valses, les tangos et même des fragments de Manon. Vous avez vendu votre piano par rage ou bou- derie, n'ayant ni le courage de travailler pour l'Art mu- sical, ni celui d'envisager froidement la supériorité évi- dente de votre amie madame Protaize dans ses exercices. Quant à la question des amis chassés par ce pauvre Charles, laissez-moi rire. Vous étiez à cette époque très amoureuse de Charles, je le sais ; vos amis essayaient de vous détacher de lui pour des raisons que je n'ai pas à appro- fondir ici : vous avez préféré l'amour à l'amitié, ce qui est très naturel, et pour établir l'autorité amoureuse, vous avez établi la solitude à deux. Je n'insiste pas sur la femme de chambre qui connaissait trop bien un passé que vous vouliez oublier. Je n'insiste pas davantage sur le tapis en velours de Gênes, les torts sont ici du côté de Charles, il a brûlé le tapis en velours de Gênes et qui plus est, il a menti en vous faisant croire à des démarches faites dans le but de le rem- placer : il n'en a pas fait une seule. Quant à l'araucaria, vous y teniez surtout p.-.rce que c'était un cadeau d'Aristide et c'était pour la même raison que Charles n'y tenait pas. Ne parlez donc pas de vos goûts artistiques au sujet de l'araucaria je vous assure que les goûts artistiques que je ne vous ai jamais déniés n'ont rien à voir avec ce cadeau d'Aristide. Je ne dénie pas non plus vos qualités de cœur, mais est-ce à moi de vous faire observer que briser la vie d'un homme par amour et faire la charité ou ne pas la faire cela ne vient pas des mêmes compartiments du cerveau ou du cœur ? vous le savez aussi bien que moi ; vous n'êtes pas innocente à ce point, ne serait-ce pas plutôt ici un peu de... comment dirais-je... de mauvaise foi. Charles vous reproche d'avoir brisé sa vie... nous allons examiner cette proposition tout à l'heure... que répondriez-

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