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32 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et comme si, d'alors jusqu'aujourd'hui,
Ce ne fût pas plus long que lorsque a lui,
Un simple instant, le beau renard poli.

Je ne saurais pleurer comme vous faites.
Doux rabâcheurs que l'on nomme poètes.
Que vous soyez Horace ou bien Ronsard,
Je ne saurais pleurer avec votre art
Sur cette rose au soir fanée. Et puisque
Elle est fanée, et qu'il n'est plus de risque
Qu'elle retourne à son rosier, je veux
Me réjouir autant qu'il plaît à Dieu,
Sans qu'un regret vienne mouiller mes yeux.
De l'autre fleur qu'on nomme l'immortelle.

Vous me fuyez, je vous fuis, toute belle
Oui roucoulez comme une tourterelle.
Pour vous mon archet cesse de jouer
Et pour vous mes chants cessent de louer.
Dans les bois galants vous irez bouder
Et dire aux échos que je n'ai plus d'ailes.
Fous irez chercher des brins d'asphodèles.
De la violette et du romarin,
Des joueurs de flûte et de tambourin,
Car je vous aurai bien scandalisée,
Pour m'ensevelir aux Champs-Elysées :

Cythère a cargué parmi les lueurs
Que dans l'ombre font les martins-pécheurs.

Donc loin de vous, et tel qu'un vieil ermite
Qui par vos mains fut enterré trop vite.
Portant au dos la gourde et la marmite,
Je poursuivrai le chemin que limite
Le ciel. La nuit, semblable à du granité.
Se déploiera dans le jour de saphir