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BILLETS A ANGÈLE 34^

les romantiques français — d où leur peu d'effort de pren- dre possession de Témotion autrement que par la parole, leur peu d'effort pour la maîtriser. L'important pour eux n'est plus d'être mais de paraître ému. Dans toute la litté- rature grecque, dans le meilleur de la poésie anglaise, dans Racine, dans Pascal, dans Baudelaire, l'on sent que la parole, tout en révélant l'émotion, ne la contient pas toute, et que, une fois le mot prononcé, l'émotion qui le précé- dait, continue. Chez Ronsard, Corneille, Hugo, pour ne citer que de grands noms, il semble que l'émotion abou- tisse au mot et s'y tienne ; elle est verbale et le verbe l'épuisé ; le seul retentissement qu'on y trouve est le reten- tissement de la voix.

��II

��Avez-vous lu dans le numéro de janvier de la A. R. F. la traduction d'un remarquable article anglais, qui me fut communiqué par votre ami Arnold Bennett. Cet article a paru sans signature, selon l'usage, dans le supplément lit- téraire du Tinies. J'ai pensé qu'il pourrait intéresser nos lecteurs, et qu'ils trouveraient profit à écouter un peu ce qu'on dit de nous. Français, à l'étranger. Il m'a paru que peu de réponses à l'enquête de M. Henriot projetaient sur la question du classicisme plus de clarté que cet article. Il dénonce le danger qu'il y a d'apporter dans l'idée d'ordre et de classicisme les restrictions et suppressions qu'y prétend imposer Maurras. « Nul art, y est-il dit, n'a droit à l'épi- thète de classique, qui ne pose le problème de la totalité ». Et plus loin : « La splendeur de l'art et de la pensée des Grecs résidait justement dans l'équilibre qu'obtenaient ceux-ci entre deux forces, dont M. Maurras sacrifie l'une. L'esprit et l'art grecs étaient tout à la fois individuels et universels ; ils étaient classiques parce quih tenaient compte de tout ». C'est bien aussi ce que je tentais d'exprimer dans

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