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NAUFRAGE DE LA « VILLE DE SAINT-NAZAIRE » 335

avancée, nous remîmes au lendemain matin notre visite au Consulat. Ce fut une liorrible journée de froid et de neige, qui réveillèrent les douleurs de mes pieds qui s'étaient un peu calmées dans les derniers jours de la traversée. Vers dix heures du matin nous allâmes voir le Consul, qui me pria de me conformer à la règle qui veut qu'après un nau- frage, le capitaine remette son rapport dans les vingt-quatre heures qui suivent son arrivée dans le lieu où se trouve une autorité française. Je fus un peu contrarié de cette demande, car je n'étais pas encore en état de fournir un récit très fidèle des événements que je venais de traverser. J'étais encore souffrant, mes souvenirs étaient confus sur beaucoup de points ; et je craignais de dire des choses erronées ou de commettre des oublis ; ce qui ne manqua pas d'arriver.

Je promis pourtant au Consul de lui faire mon rapport pour le lendemain matin, ayant besoin du reste de la journée pour régler différentes questions. Je me mis donc à l'œuvre après dîner, et je passai une partie de la nuit à écrire mon rapport, dans lequel, comme je le dis plus haut, j'omis de signaler certains faits dont la mention m'eût évité par la suite bien des ennuis.

Je tenais à rester le moins de temps possible à Ham- bourg, car j'avais hâte de revoir ma femme et mes enfants qui devaient m'attendre avec impatience. Aussi, mes affaires étant terminées, je résolus de partir sans retard; je fis donc mes préparatifs le soir du même jour, en invitant mes compagnons à m'imiter. Notre voyage s'effectua dans de très bonnes conditions et nous arrivâmes à Paris le lendemain matin, A la gare, je trouvai deux bons amis qui m'attendaient pour m'embrasser.

Aussitôt les félicitations et les serrements de mains terminés, je me rendis à la Compagnie Transatlantique, où je trouvai Messieurs les Administrateurs et beaucoup de rédacteurs de journaux parisiens, qui tous voulaient recueillir des renseignements de ma bouche. Je les satisfis.

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