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NAUFRAGE DE LA « VILLE DE SAINT-NAZAIRE >> 3O9

droite, à gauche, devant la baleinière et enfin dans toutes les directions. Chaque fois que j'avais la sensation que l'embarcation s'approchait des pieux qui encadraient les places, j'avais envie de l'embosser, car parmi toutes ces grandes maisons, je ne distinguais pas de passage pour sortir et je me demandais où j'étais ; puis je croyais con- tourner le coin de l'un de ces grands bâtiments, mais alors j'en apercevais un autre devant moi et ainsi de suite, sans pouvoir sortir de cette situation. Enfin, à un moment donné, après être sorti d'une ruelle formée par deux de ces constructions, je vis une place très vaste, plantée d'arbres de hauteur moyenne ; j'eus alors la sensation que j'aperce- vais le fond de la mer et que je disais à mes compagnons :

— Tenez mes enfants, vous voyez, eh ! bien, de l'autre côté de cette place nous allons voir un phare, nous pour- rons y attacher notre embarcation et nous irons déjeuner chez le gardien.

— Ce n'est vraiment pas trop tôt, disait l'un, car j'ai bien faim.

— Pourvu qu'il ait seulement quelques œufs pour faire une omelette, disait l'autre, cela nous suffira, avec un bon morceau de pain.

— Nous boirons ensuite un bon bock par là-dessus, disait un troisième, et cela nous fera beaucoup de bien.

Mais hélas ! notre baleinière marchait toujours, et le phare n'apparaissait pas. Puis le jour grandissait, le soleil montait au-dessus de l'horizon, nous ramenant la triste réalité, accompagnée de désespoir pour les uns, d'espérance pour les autres, et quelquefois des deux en même temps pour tout le monde.

Le II, le soleil se leva radieux et nous réchauffa un peu de ses rayons ; nous en avions bien besoin ; car nous avions passé toutes les nuits précédentes dans l'humidité d'une brume intense, et avions été mouillés par les lames qui embarquaient à chaque instant dans notre pauvre petite baleinière^ laquelle pourtant se défendait vaillamment

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