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nouveauté, aux exigences raisonnables de -et qui a été. Comment ne pas être obscur ?... Ecoute : j’ai vu, un jour, telle touffe de roses, et j’en ai fait une cire. Cette cire achevée, je l’ai mise dans le sable. Le Temps rapide réduit les roses à rien ; et le feu rend promptement la cire à sa nature informe. Mais la cire, ayant fui de son moule fomenté et perdue, la liqueur éblouissante du bronze vient épouser dans le sable durci, la creuse identité du moindre pétale...

— J’entends ! Eupalinos. Cette énigme m’est transparente ; le mythe est facile à traduire.

Ces roses qui furent fraîches, et qui périssent sous tes yeux, ne sont-elles pas toutes choses, et la vie mouvante elle-même ? — Cette cire que tu as modelée, y imposant tes doigts habiles, l’œil butinant sur les corolles et revenant chargé de fleurs vers ton ouvrage, — n’est-ce pas là une figure de ton labeur quotidien, riche du commerce de tes actes avec tes observations nouvelles ? — Le feu, c’est le Temps lui-même, qui aboHrait entièrement, ou dissiperait dans le vaste monde, et les roses réelles et tes roses de cire, si ton être, en quelque manière, ne gardait, je ne sais comment,, les formes de ton expérience et la solidité secrète de sa raison... Quant à l’airain liquide, certes, ce sont les puissances exceptionnelles de ton âme qu’il signifie, et le tumultueux état de quelque chose qui veut naître. Cette foison incandescente se perdrait en vaine chaleur et en réverbérations infinies, et ne laisserait après soi que des lingots ou d’irrégulières coulées, si tu ne savais la conduire, par des canaux mystérieux, se refroidir et se répandre dans les nettes matrices de ta sagesse. Il faut donc nécessairement que ton être se divise, et se fasse, dans le même instant, chaud et froid, fluide et solide, libre et lié, — roses, cire, et le feu ; matrice et métal de Corinthe.

— C’est cela même ! Mais je t’ai dit que je m’y essaye seulement.

— Comment t’y prends-tu ?