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NOTES 243

M. von Hofmannsthal, se confondent les hommes et les objets, les pensées et les rêves ; tout n'est que phénomène, et tout existe au même titre.

La poésie, pour toute une génération d'artistes, dont M. von Hofmannsthal est le représentant le plus qualifié, c'était l'art de rendre la vie sous ses mille aspects. L'esprit du poète tendait à l'universel en variant et en différenciant de plus en plus les moyens d'interprétation. Mais l'actualité s'imposa brutale ; il ne suffisait plus de comprendre, il fallait vivre. Dans la suite des temps, où tout n'existe que comme phénomène, se tailla le bloc

du présent.

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« Hugo von Hofmannsthal avait appris à notre génération à voir les teintes intermédiaires, à extraire des mots une musique mystérieuse ». Ainsi s'exprime M. Kasimir Edschmidt, un des poètes de la jeune école, dans un recueil intitulé « Die Doppel- kôpfige Nymphe » (Ed. Paul Cassierer à Berlin), et il ajoute aussitôt que l'enseignement de M. Hofmannsthal ne vaut plus pour notre époque. Les orages qui grondent sous terre, nous menaçant de toutes parts, exigent un style nouveau. Audacieux les nouveaux venus pénétreront dans le monde des ombres, qui brusquement réveillées se heurtent et se bousculent pour nous entraîner à leur suite dans de vastes tourbillons, tels les images et les mots dans l'œuvre de M. Kasimir Edschmidt.

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WANDERSCHAFT ; - GEDICHTE, von Oshar Loerke. (S. Fischer. Berlin).

Dans le monde du poète Loerke, tout est nature. « L'homme lui-même devient nature ; il passe tout entier dans son souffle ; un destin commun les unit ». C'est ainsi que M. Moritz Heymann interprète les visions du poète dans un des remarquables essais qu'il vient de réunir en recueil. (Prosaïsche Schiften, 5 vol. Ed. S. Fischer à Berlin).

On ne saurait mieux dire : dans l'oeuvre de. M. Loerke, l'âme lorsqu'elle se réjouit et qu'elle souffre, semble toujours ne suivre qu'un rythme universel qui entraine tout et met tout au même