Page:NRF 16.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

242 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dans une gaiac de pierre. On n'assiste encore qu'à leurs diva- gations. « Menschheitsd.unmerung » le titre en dit assez sur le vague de leurs aspirations. Ils vont dans le clair obscur que traduit leur mot Dàmincruiig. On ne sait si c'est le crcpusule qui s'attarde salué de plaintes élcgiaques, ou l'aube qui vient annoncée par de timides chants d'alouettes. Les clameurs vio- lentes dominent. Les gestes sont forcenés souvent, et en appa- rence absurdes ; mais ils délivrent parce qu'ils épuisent l'absur- dité même. Dada a chez les Allemands sa justification profonde. Il répond à leur besoin d'aller enfin une fois jusqu'au bout de quelque chose, de la destruction du faux-moi dans lequel ils étaient enfermés. Cela fait il resterait de la vie, inachevée, sans doute, mais c'est là son intérêt. Qu'importe provisoirement que ceux-ci n'aient point trouve leur orientation, s'ils pro- clament que « l'homme ne peut être sauvé que par l'homme », s'ils éprouvent la nostalgie non d'une institution, d'une organi- sation qui les détermine, mais d'une nouvelle tendresse humaine ? « Mensch, Bruder » : des mots que l'on n'était plus habitué à entendre ; ils sonnent comme une promesse de libé- ration intérieure, la seule qui compte.

FÉLIX BERTAUX

��DIE PROSAISCHEN SCHRIFTEN, von Hugo von Hofmannsthal. (Fischer. Berlin, 19 19 et 1920). — DIE FUERSTTN, von Kasimir Edschmidt. (Paul Cassierer. Ber- lin, 1920).

L'art de M. Hofmannsthal, quelle que soit la forme qu'il revête, tient toujours de l'interprétation. Alliant à une intelligence qui se saisit de tout et devient en quelque sorte une sympathie uni- verselle, une sensibilité à laquelle aucune nuance ne saurait échapper, il crée en comprenant ; la faculté de comprendre, en lui, devient une force créatrice. Aussi tout est source d'inspira- tion à M. Hofmannsthal, jusqu'aux inspirations qui se sont déjà cristallisées dans des œuvres d'autrui et qui chez lui reprennent une vie nouvelle.

« Le poète est le spectateur, mieux, le compagnon caché, le frère silencieux de toutes choses ». En son âme, nous explique

�� �