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��21 6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lilé, mêlent une note douloureuse aux cliants les plus exaltés.

Pour célébrer la chaleu'- de midi, - O châtaigne d'azur qui

lacère\ le civiir ! — le jeune printemps, le vent tout moucheté

d'aventures agrestes, le viol ouragan des arômes, la pluie, l'herbe,

les branches, les biches, les oiseaux. Madame de Noailles a

retrouvé la fraîcheur de ses plus éclatantes images, avec ces

alternances de langueur et de raison, qui sont tantôt d'une

ménade blessée, tantôt d'une Pallas à l'œil juste et perçant

(car il y a dans ce volume quelques analyses de Vinimitiê du

désir, qui montrent la sincérité la plus hardie). Mais en vain elle

glorifie

Le crime enivrant du plaisir

A la fois bachique et funèbre,

le thème de la mort s'enlace à celui de l'amour et déchire obsti- nément cette somptueuse trame :

Le soujjîe un jour me manquera ; En vain f agiterai les bras ! Je songe, ardente et solitaire, Au dernier objet sur la terre Oue mon remrd rencontrera.

Il s'est trouvé des esprits moroses pour relever dans ce livre des inégalités ou des ûiiblcsses, voire des « impropriétés de pensée ». Quand donc cessera cette mode d'opposer à tout élan et à toute générosité le spectre d'une perfection malherbienne, pauvre et compassée, où l'on trouve peut-être la longue patience, mais assurément pas le génie? Si tel poète a besoin, pour créer, de se laisser aller à une sorte d'abondance heureuse, c'est à nous de faire notre choix (nous le faisons bien pour Lamar- tine) parmi ce qu'il nous offre, que ce soient des aveux tout chargés de désir et de cruauté {Le Reproche, Tu m'aimais moins), ou de simples arabesques de sensations et de souvenirs {Pluie printanière, Ode à un coteau de Savoie) ; ou enfin, si l'on veut à tout prix une perfection mesurée, cette Mélodie :

Comme un couteau dans un fruit Amène un glissant ravage, La mélodie aux doux bruits Fend le cœur et le partage

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